Juste après mon départ, j'ai vécu en me méfiant de tout le monde, toujours dans la peur d'être suivie, retrouvée. Toujours dans la peur qu'il enlève ma fille , peur de ne plus jamais la revoir, peur qu'il nous tue. 

j'étais une écorchée vive. Puis progressivement avec l'aide des proches, ces peurs s'estompes.

Les nuits sont encore perturbées par des cauchemars pendant quelques années.

Progressivement on reprend goût à la vie, on veut en "profiter" rattraper toutes ces années perdues mais on s'aperçoit vite que le traumatisme est toujours là, bien caché, sensibilité extrême, perte de confiance en soi.

 

Aujourd'hui j'ai besoin d'écrire, j'ai besoin de me sentir utile, je ne supporte pas l'injustice, ni qu'on s'en prenne aux plus faibles. Je sens bien qu'il y a toujours quelques chose en moi, une blessure comme une cicatrice invisible.

 

Tout en gardant ma sensibilité, je suis devenue une " guerrière" , je ne fais plus de cauchemar.

Ma fille a quittée la région. Après avoir suivie une thérapie il y a quelques années, elle va bien.

Mes garçons ont appris ma vie dans mes livres. Un se destine certainement à être pompier, gendarme, policier ou militaire, et l'autre peut-être dans le journalisme.

 

NON, les images ne sortent jamais de ma tête, je n'y pense pas au quotidien, mais parfois certaines situations, m'y font repenser immédiatement.

 

Même si tout le monde me dit que je ne suis pour rien dans ce qui est arrivé à ma fille, jamais je ne me pardonnerai ce qu'il lui a fait, jamais je ne me pardonnerai de ne pas avoir réussi à la protéger.