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Voici le regard que porte la société sur les violences conjugales faites aux femmes.



Les victimes de violences conjugales, les spécialistes en victimologie, les personnes ayant été confrontés à ces violences auront sans doute les réponses aux questions posées ci-dessous. Mais toutes celles et ceux n'ayant jamais côtoyé de femmes victimes de violences conjugales, quel regard portent-elles/ils sur ces femmes.

Les idées reçues à ce sujet sont tenaces.


J'ai fui définitivement le domicile conjugale au lendemain de la coupe du monde 1998, notre fille n'avait pas encore 3 ans. La raison était simple, sauver la vie de ma fille et la mienne.


Aujourd'hui je constate que si le sujet est bien davantage évoqué et que quelques aides sont mises à la disposition des victimes de violences conjugales comme le 3919 , celles-ci sont très insuffisantes. Les associations d'aide aux victimes font leur maximum mais ne disposent pas de budget suffisant, elles sont pourtant primordiales.


Ces violences sont trop souvent banalisées par manque de sensibilisation et le sujet mal connu par défaut d'informations suffisamment détaillées, explicites et récurrentes.


Voici un extrait édifiant tiré du mémoire qu'une étudiante de L'ARIFTS m'a envoyée après notre rencontre faisant suite à ma conférence " Violences conjugales la spirale infernale ".


Cette étudiante, que je remercie pour m'avoir transmis son mémoire, a posé plusieurs questions via un réseau social, sachant que répondait qui le désirait bien entendu et que l'anonymat serai préservé.

37 hommes et 170 femmes ont répondu à ce petit questionnaire.


67,1 % étaient étudiants

37,9 % étaient des actifs

1,4 % étaient sans emploi

0,5 % étaient retraités.


90,8 % de ces personnes étaient âgées de 18 à 30 ans

3,4 % étaient âgées de 30 à 45 ans

4,8 % de 45 à 60 ans

et 1 % étaient âgées de plus de 60 ans.


Voici ces questions :


1) Pourriez-vous me donner une estimation du nombre de femmes victimes de violences conjugales en France ?


103 personnes l'estimaient entre 305 et 10 000 victimes.

62 personnes de plus de 10 000 à 100 000.

26 personnes n' arrivaient pas à chiffrer le nombre de victimes.

16 personnes seulement pensaient que le nombre de femmes victimes de violences conjugales était supérieur à 100 000.


Premier point de méconnaissance par la société puisque, effectivement, en moyenne 223 000 femmes dont l'âge se situe entre 18 et 75 ans sont victimes de violences conjugales.


2) Quand vous entendez " Violences conjugales", à quelles violences pensez-vous ?


67 personnes ont répondu des violences physiques.

91 personnes ont répondu des violences physiques et morales, verbales.

16 personnes ont évoqué des violences sexuelles

33 personnes ont parlé de violences psychologiques

2 personnes seulement ont mentionné des violences financières et administratives.


La violence conjugale regroupe toutes ces violences et pas seulement des violences physiques ou psychologiques. Le terme violences domestiques est également employé pour beaucoup de ces violences.


3) D'après vous, qui sont ces femmes victimes de violences conjugales, y-a-t il un profil type ?


Pour 98 % des personnes interrogées la classe sociale est un facteur de violences conjugales.

Selon 37,7 % des personnes, ce sont les femmes d'origine étrangère qui sont victimes

et 21,3 % des personnes interrogées pensent que ces violences proviennent de l'éducation que ces femmes ont reçue.


Il est impératif de rappeler que TOUTES les classes sociales sont touchées par les violences conjugales, que les femmes du monde entier sont victimes de ces violences et que bien entendu peu importe leur milieu éducatif, les violences faites aux femmes sont intolérables et injustifiables.



4) Concernant le conjoint violent, d'après vous quel est son profil ?


La très grande majorité des personnes ont répondu que le conjoint violent avait des problèmes d'alcool et/ou de drogue.

Il est également souvent fait référence à un conjoint qui serait colérique et nerveux.

D'autres évoquent le fait que certainement l'agresseur à du lui-même pendant son enfance être victime de maltraitances.

Une infime minorité pense que le conjoint violent n'a pas de profil type.


Le conjoint violent peut très bien réunir une ou plusieurs des réponses ci-dessus, comme pas une seule! Une chose est certaine, ne vous attendez pas à voir écrit sur le front d'un homme violent " conjoint violent " . La plupart de ces hommes sont de grands manipulateurs. Voisin, collègue, ami gentil, souriant toujours prêt à rendre service, cet homme une fois chez lui ne retient pas ses coups de colère qu'un simple regard de sa compagne peut déclencher. Vous pouvez passer des années à côtoyer un homme violent, un pervers narcissique, sans même vous en rendre compte.



J'ai plaisir chaque jour à travailler, discuter échanger avec mes amis-es mes soeurs et frères de bataille qui comme moi mènent ce combat contre les violences faites aux femmes. Sans oublier que les enfants dont les mères sont victimes de violences conjugales sont en première ligne, victimes eux-même de ces violences.


Un grand bravo à C. pour son mémoire sur les violences conjugales et quelle excellente idée ces quatre questions qui pointent bien du doigt la méconnaissance de ce terrible phénomène.



Aujourd'hui plus que jamais, il faut agir, aller à la rencontre des gens, les informer .

Depuis le 1er janvier de cette année 2019, déjà 40 femmes en France sont décédées sous les coups de leur conjoint, laissant derrière elles des familles endeuillées et des orphelins.

Il est de notre responsabilité à toutes et tous de stopper cette hécatombe.


Aurore Le Goff.



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